Depuis samedi 13 janvier, l’artiste-peintre Najoua Bel Fekih Ghannouchi, qui s’est fait connaître surtout dans le milieu des peintres autodidactes de la région, bénéficie de la chance inouïe d’exposer ses œuvres remarquables au très beau et prestigieux Musée archéologique de Sousse. Placée sous l’intitulé « Secrets sucrés », cette exposition, qui a déjà suscité l’intérêt de beaucoup de visiteurs de tous bords, se poursuivra entre les murs de ce haut lieu de l’histoire et de la culture jusqu’au 13 février prochain.
Pour présenter ici la vision qui gouverne la pratique picturale de cette peintre étonnamment passionnée et toujours sur la brèche et comprendre en même temps le titre de cette exposition se voulant novatrice, il n’ y aurait pas mieux que le texte inaugural qu’elle nous a donné à lire et que voici modestement traduit par nos soins de l’arabe vers la langue de Renoir et de Matisse: « Ce titre porte en lui-même la synthèse de mes idées et de mes sensations en tant qu’artiste plasticienne autodidacte, et il laisse transparaître à travers les mots dont il se compose, l’ensemble de mes couleurs préférées. Car dans le secret il y a des subtilités, des profondeurs et du flou qu’on ne peut appréhender par nos sens. C’est pour cela qu’il est nécessaire de sonder profondément l’essence des choses. Pour ma part, je préfère le brumeux au clair afin de laisser au spectateur la liberté d’interroger ma peinture et de l’interpréter en fonction de sa culture et de son tempérament. Dans ces « Secrets sucrés », vous pourriez trouver les échos de ma vie personnelle comme femme, comme être féminin pourvu de spécificités qui le distinguent. Il y a là mes rêves, ma joie, ma tristesse et d’autres choses à voir et qui sont inspirées du patrimoine et de notre identité arabo-tunisienne. Pour ce qui est des couleurs où s’interpénètrent le bleu et le vert, elles font délibérément se rencontrer la mer, la terre et le ciel selon les diverses teintes et manifestations formelles du cosmos. En somme, il s’agit ici de l’histoire d’une amertume, d’une douceur et d’une création. Ce sont les « Secrets sucrés » !
Tout est si bien dit dans ce texte affiché à l’entrée de l’exposition. Point n’est besoin de chercher à en dire plus ou mieux. Car cette peinture de Najoua Bel Fekih Ghannouchi, fruit de longues journées et nuits de patient labeur, ne nécessite pas vraiment d’être interrogée, fouillée comme une alchimie ou un mystère, pour révéler son sens et livrer ses clefs. Elle a juste besoin d’être regardée, au-delà de la signification, avec tout le plaisir que donnent ses lignes et courbes tantôt claires, tantôt légèrement ombreuses, et ses arcs-en ciel de couleurs harmonieuses et vives. « Saha hammemek y a arroussa » (Bain de bonheur à la mariée !) et la série florale seraient peut-être les toiles où se manifeste le plus le talent de cette artiste-peintre qui a sensiblement évolué depuis ses anciennes années de dessin, de peinture sur soie, d’imitation, de figuratif et de quête d’un genre, d’un style et de cette lumière supérieure éclatant soudain du magique kaléidoscope de formes et de couleurs et que tout artiste doué et dévoué promet d’atteindre et de donner un jour à ses spectateurs, comme le feu sacré de l’Olympe transmis aux humains par Prométhée.
Sans cesse aux prises avec son art, Najoua Bel Fekih Ghannouchi a du talent et des rêves plein les yeux. Avec cette deuxième exposition personnelle (une trentaine de toiles) qu’abrite chaleureusement le Musée archéologique de Sousse, après plusieurs contributions à des expositions collectives à Monastir et ailleurs, elle fait encore un pas très considérable sur le grand chemin vers la fabuleuse lumière artistique promise. Bonne continuation !